La République française, une idée d’avenir...

Vive la République… française !


Face au développement de l’interdépendance globale et européenne, qui provoque nombre de remous dans la vie quotidienne des peuples, notamment français (le plus « politique » d’entre eux), l’incertitude qui pèse sur l’avenir de notre République est particulièrement lourde.


On la dit malade de ses pesanteurs, de son inadaptation aux « nouvelles réalités » du monde et on prétend la transformer à la sauce ambiante sans la répudier.


Mais, au fond, la République française est-elle compatible avec la disparition progressive de ce qui la fonde et la fait vivre, sa souveraineté nationale, sa vie démocratique, son idéal d’intérêt général et, partant, ses valeurs fondamentales de liberté, d’égalité et de fraternité ? Ne risque-t-elle pas de devenir un simple décorum, une coquille vide, si, privée de son principal acteur (la nation souveraine et l’Etat qui l’incarne), du souffle qui l’anime (la volonté générale exprimée par le suffrage universel) et de son projet de société (le Bien public), elle ne se résume plus qu’à un vague prêchi-prêcha déconnecté de toute réalité tangible ?


Car la République, au cas où on l’on aurait oublié, ce n’est pas simplement un certain nombre de mots, d’habitudes, d’institutions et de valeurs, hérités de notre gloire passée et soi-disant malléables à l’infini en fonction des contraintes de la « modernité ». Non seulement les mots ont un sens, avec lesquels il est toujours dangereux de tricher, mais aussi la République s’enracine dans une expérience vécue et sensible, dans l’histoire, qu’il serait irresponsable d’ignorer.


Or, la séquence historique dans laquelle la République française s’inscrit aujourd’hui encore est celle qui fut ouverte par 1789. Toute la question est de savoir si nous nous situons encore dans cette ère, si nous devons ou non en changer et à quel prix.

On veut faire croire aux Français que la République est inadaptée au monde d’aujourd’hui, façon élégante de se débarrasser de ses exigences. Par exemple, on privatise progressivement les biens publics que sont GDF et EDF : non content de priver la collectivité des outils nécessaires pour faire face aux formidables défis énergétiques et écologiques qui se posent à elle, cela revient ainsi à restaurer le pouvoir de grands féodaux, assis sur des privilèges exorbitants et capables de s’affranchir de toute contrainte réelle d’intérêt général.


Cet exemple me paraît emblématique du mouvement proprement antirépublicain, pour ne pas dire contrerévolutionnaire et rétrograde, qui est en train, sous la pression du pouvoir supranational bruxellois et des grands intérêts internationaux, d’emporter morceau par morceau non seulement la République mais aussi la Nation, c’est-à-dire la « République française » comprise comme un projet de civilisation original et digne d’être défendu.


Car, en effet, notre République est et demeure profondément moderne. En fait de modernité, de capacité à générer du Progrès pour tous et à maîtriser les défis de l’avenir, on a en réalité rien inventé de mieux que l’Etat-nation démocratique apparu à la fin du XVIIIème siècle. Il n’est qu’à regarder avec honnêteté la vacuité, l’inconsistance ou les dangers des systèmes concurrents qui prétendent s’y substituer (Europe intégrée, village mondial libre-échangiste) pour s’en convaincre.


Si la République française peut et doit faire évoluer ses méthodes, parfois son style, corriger ses mauvaises habitudes,… bref s’amender ça et là par souci de meilleure gestion, au besoin en s’inspirant de ce qui marche ailleurs, elle ne doit en aucun cas transiger sur l’essentiel : sur ses principes, sur son idéal de justice partagée et de démocratie adulte, sur la défense de ses intérêts et de ses « exceptions » (laïcité, services publics universels et accessibles, francophonie, diversité culturelle et linguistique, politique étrangère de non-alignement, art de vivre,…) dont elle n’a pas à rougir et que beaucoup d’ailleurs nous envient hors de nos frontières. La République est un bloc, mais un bloc fragile car particulièrement exposé à la tactique du salami que voudraient lui faire subir les bons docteurs ès-« adaptation à marche forcée à la mondialisation nécessaire et heureuse ».


La République doit d’autant plus défendre sans complexe la « France éternelle », dont elle synthétise les strates successives de fil de notre histoire millénaire, que le mythe de la « mondialisation heureuse », cette pseudo-modernité qui nous ramène vers l’état de nature si on ne la régule pas, est déjà dépassée, tant ses déséquilibres et ses dérives, sociales et maintenant macro-écologiques, l’ont rendue insupportable à un nombre croissant de peuples, notamment développés. On sait les Français hostiles (et on les tance pour cela) à ce qui est pourtant devenu une mondialisation-clochardisation : seuls 18% d’entre eux la voient positivement selon une récente enquête. Mais qui se douterait que seulement… 15% des Américains en ont une bonne opinion ? !


Tout en corrigeant ses handicaps et pesanteurs (réforme de l’Etat, modernisation des administrations et entreprises publiques, dynamisation du tissu bancaire et des PME, réforme de l’enseignement supérieur…), la République doit moderniser - et non faire disparaître - son modèle de société original pour redevenir un exemple à suivre dans le naufrage annoncé de la globalisation ultralibérale. Pour ce faire, il est indispensable qu’elle rende un contenu concret au triptyque de sa devise, par une action volontariste, globale et équilibrée à même de susciter un très large rassemblement des Français.


Pour mobiliser, convaincre et rendre espoir à nos concitoyens, le rétablissement de la liberté de la France est incontournable : c’est à une véritable reconquête démocratique interne et externe à laquelle il faut procéder, en changeant de construction européenne (un préalable à beaucoup de changements) et en consolidant les institutions de la Vème République. Aujourd’hui, on veut faire avaler de force au peuple français un traité européen qui aggrave les dérives de l’UE au lieu de les corriger, qui l’aliène un peu plus au lieu de le laisser enfin respirer ! Pire, il est de brillant constitutionnalistes pour nous expliquer que la ratification parlementaire du « traité simplifié » présente une légitimité, une valeur démocratique qualitative, équivalente au référendum qui a massivement rejeté la Constitution européenne le 29 mai 2005. Que je sache, il n’a pourtant jamais été républicain de changer le peuple lorsque le peuple ne convient pas à ses dirigeants : un peu comme si Mac-Mahon avait dit à Gambetta, « il faut vous soumettre ou vous démettre ! » et que dernier se fût exécuté !


Œuvrer à une Europe plus à la carte, qui contraigne moins là où c’est inutile voire dangereux pour les intérêts nationaux et qui suscite davantage de coopérations nationales là où c’est nécessaire (y compris en inventant une nouvelle préférence communautaire comme le préconise le tout récent rapport d’Hubert VEDRINE), ne nous exonérera pas de revitaliser en profondeur notre démocratie interne. Cela passe par une consolidation de nos institutions (revalorisation du rôle du Parlement, extension du rôle du référendum dans la vie politique avec l’instauration de « votations » à la suisse, création d’un statut de l’élu,…), mais aussi par la restauration d’un Etat républicain maîtrisant vraiment l’immigration, rendant une justice rapide et humaine, luttant avec efficacité contre l’insécurité.


Ensuite, il faudra rétablir une vraie égalité républicaine, ce qui passe par la rénovation et le renforcement du service public en matière d’éducation, de défense de la laïcité contre les communautarismes, d’aménagement du territoire, d’énergie et d’écologie, etc…


Liberté, égalité… reste le dernier terme de notre devise, la « fraternité ». Celle-ci est comme jamais nécessaire à la reconstruction de notre société républicaine. Ni libéral comme l’Angleterre, ni « rhénan » comme l’Allemagne, notre pays peine traditionnellement à inventer un modèle de développement où l’économie de marché s’accorde harmonieusement avec son tempérament national, voire s’appuie sur lui. Seule la participation, « l’association capital-travail », imaginée et voulue par le général de Gaulle apporte en réalité une réponse à cette équation apparemment insoluble.


La participation n’est que la déclinaison dans la sphère économique du projet de société républicain, l’accomplissement de la « Fraternité », terme si longtemps ignoré de la devise qui orne nos frontons depuis un siècle et demi. C’est, en même temps, l’élément central d’une économie nationale forte et dynamique, à la fois prospère et capable de se défendre contre les assauts de ses concurrents, bref un projet de nouvelle société qu’il y aurait lieu de développer beaucoup plus longuement.


« Liberté – Egalité – Fraternité », tels sont les axes simples et fondamentaux que nos concitoyens veulent voir mis en œuvre. Une France confiante en elle-même sans fierté excessive, un avenir pour chacun, des rues sûres, une République tolérante mais inflexible sur ses principes fondateurs, une communauté de citoyens libres et égaux en droits comme en devoirs,… les Français ne demandent pas la lune, seulement la réanimation d’un projet de société national et républicain qui permette enfin que la France redevienne le haut lieu d’un universalisme raisonnable et tolérant, à nouveau capable d’inspirer d’autres peuples sous d’autres cieux.


Nicolas DUPONT-AIGNAN
Député de l’Essonne Président de Debout la République
Promotion « Liberté – Egalité – Fraternité »

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