Crise du lait : le double langage des leaders de l'UMP en Dordogne

Publié le 3 Octobre 2009

Face à la crise particulièrement grave que traversent les producteurs de lait, notamment dans notre département, certains leaders de l’UMP Dordogne, n’hésitent pas à faire preuve, tantôt de compassion feinte pour s’alarmer d’une situation qu’indirectement, ils ont cautionné en soutenant le modèle actuel de construction européenne, tantôt d’arrogance pour s’ériger en interlocuteur privilégié de la profession. Et c’est sur la toile qu’ils choisissent de se livrer à ce que dénonce souvent le président de notre mouvement, Nicolas Dupont-Aignan, à savoir le double langage (dans nos campagnes, aux fins fonds du Périgord, il n’est pas rare que l’on emploie plus facilement le terme de « faux-culs » sans, pour autant, qu’il soit dans mon intention, en rappelant ce terme de langage commun, de porter atteinte à la dignité des personnalités évoquées dans cette tribune et que, pour au moins l'une d'entre elles, j'ai eu l'occasion de côtoyer le temps d'une campagne).

 

Premier, donc, à occuper le terrain du soutien compassionnel, Alain Lucas, patron autoproclamé de la 3ème circonscription de la Dordogne depuis le départ du regretté Frédéric de Saint-Sernin. C’est le 15 septembre dernier que Monsieur Lucas dégaine un billet sur son site UMP Haut-Périgord intitulé (non sans une pointe d’humour… à moins qu’il ne l’ait pas fait exprès) : « Laitiers périgourdins : ras le bol ! » Joli numéro du politique outré par les conditions de travail des producteurs laitiers et qui s’insurge, sans le dire, contre les dérives de la libéralisation des prix à outrance menée par l’Union Européenne. Or, il y a encore quatre mois, il faisait campagne pour les élections européennes derrière Dominique Baudis et le slogan choisi par l’UMP : « Quand l’Europe veut, l’Europe peut ! » Serait-ce donc l’Europe, dont l’UMP nous a tant vanté les mérites, qui ne veut pas ? En tout cas, bravo pour ce brillant numéro d'équilibriste !

Et, cerise sur le gâteau, Alain Lucas s’en prend aux autres partis qu’il soupçonne de faire de la récupération politique en s’invitant dans le débat du modèle agricole français (il est vrai que les rodomontades du Parti Socialiste ne reflètent pas plus de sincérité puisque les socialistes défendent le même modèle européen que celui qui est désormais prôné par l’UMP… ce doit d’ailleurs être ça le « politiquement correct »). Seuls l’UMP et ses représentants auraient donc le droit d’aborder les sujets d’actualité.

 

Premier représentant de l’UMP en Dordogne, dont il dirige la fédération départementale, mais seulement second sur la ligne de départ du soutien au monde agricole, Jérôme Peyrat a, lui aussi, choisi de s’exprimer sur la toile au travers d’un communiqué publié sur le site UMP Dordogne. Ce communiqué, mis en ligne après que des exploitants excédés, aient choisi de déverser quelques tombereaux de fumier au pied des permanences de nos parlementaires de Dordogne, s’arroge le statut d’interlocuteur privilégié de la profession en Dordogne et des pouvoirs publics pour résoudre la crise qui frappe le secteur laitier. Mais sur le fondement de quel mandat confié par le peuple, Monsieur Peyrat peut-il, avec une telle arrogance, s’arroger ce rôle : Maire de La Roque-Gageac ou Président de la communauté de communes du Périgord Noir ? Parce que le statut de président départemental de l’UMP n’offre, que je sache, aucun rôle particulier pour pousser la porte des ministères (quand bien même ce titre se double d'un emploi de Chef de Cabinet auprès du Ministère de la Francophonie). Quoi que depuis qu'en France, un Chef de l’Etat s’autorise à présider en personne (même si le terme de "président" a été mis entre parenthèses dans les statuts de l'UMP le temps du mandat de Nicolas Sarkozy), des réunions de l’UMP, il  ne faut plus s’étonner de rien...

 

Au final, il est regrettable que l’énergie déployée par Messieurs Lucas et Peyrat pour faire briller leur propre étoile auprès de l’électorat périgourdin, ne soit pas plutôt mise au service d’une réorientation de la politique européenne qui, seule, permettrait véritablement de sauver notre agriculture.

 

Pascal BILLAT

Chargé de Mission

Rédigé par DLR 24

Publié dans #Actualités locales

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L
<br /> Frédéric ! une autre dimension, et Alain n'est pas Juppé. Le brouillard épistolaire relève de la digestion d'un repas et n'a voir avec le rayonnement miministériel.Souligner l'absence de F de<br /> Saint-Sernin c'est avec la proximité de la Toussaint évoquer ces plaques funèbres de "regrets éternels". Terre brûlée , friche, jachère ou reconversion ?<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Sur la paille ! les réactions légitimes des agriculteurs trouveront dans S.Ouest des lignes d'amertume assorties de l'indignation logique : "le revenu mensuel d'un retraité périgordin hors régime<br /> agricole (ce qui abaisse encore le chiffre) est de 508e..." Le seuil de tolérance est franchi. Que reste t-il des engagements racoleurs du candidat Sarkozy. Misère, misère après paroles, paroles!<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Double langage, celui de la proximité et celui des sphères de Paris ou de l'Europe. Duétistes d'un cirque comme à l'époque ou l'on jetait aux lions des chrétiens. L'agriculture ce n'est pas la<br /> poste, cela demande plus que des discours racoleurs, , le quotidien et la réalité demeurent aux antipodes des annonces.<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Vaches maigres, certes avec des revenus en baisse de près de 25%, l'endettement et les engagements interdisent les solutions extrèmes. Le suicide est un acte individuel, s'agissant d'une<br /> coporation, c'est un génocide. Aujourd'hui ils s'expriment , ils s'insurgent, et demain????<br /> <br /> <br />
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